Levez le bras
Encore une connerie. Une de plus. Réagissant encore à un fait divers dramatique, le ministre de l'éducation propose, sans réflexion préalable, d'autoriser les enseignants à fouiller les cartables des élèves suspectés de transporter des armes. Ces personnels seront assermentés. Mélange des genres, à nouveau. L'enseignant est d'abord là pour...enseigner ! Si les rappels du savoir-être et du savoir-vivre font partis de ces missions, est-il raisonnable de transformer les professeurs, garants du savoir, en agents de sécurité, assermentés et chargés de fliquer les élèves ?
Manifestement, le gouvernement de droite confond encore cause et conséquence. La violence rentre à l'école parce que celle-ci va mal comme le reste de la société contemporaine, en crise. Mettre des détecteurs à l'entrée des écoles ou un flic derrière chaque élève ne changera pas la donne. A contrario, il faut remettre la réussite, le mérite et l'ascenseur social au centre de l'école.
Pour cela, il serait sain de repenser l'école. Il est inconcevable que des adolescents ne sachent pas lire et écrire en sortant de l'école primaire. Peut-être serait-il temps de fonder une structure efficace, parallèle à l'école primaire, pour les élèves en grandes difficultés. Arrêter le passage obligatoire, hypocrite, stérile et suicidaire. Aucun enfant ne doit passer en CE1 sans savoir lire. Si besoin, l'enfant pourra être sorti du système et suivi par un psychologue, un éducateur et/ou un orthophoniste.
Point d'accord avec le ministre tout de même, les parents démissionnaires doivent prendre leurs responsabilités. Faire un enfant est simple mais il serait temps qu'ils prennent conscience de leurs devoirs de parents. Peut-être que des écoles pour parents peuvent fleurir dans les départements, pour encadrer ceux qui ont perdu les pédales.
Pourtant, je suis persuadé qu'il ne faut pas accentuer la répression dans le milieu scolaire. Rousseau écrit qu'il est "impossible de rendre intelligent contre son grès". Il convient de faire de la pédagogie pour montrer l'importance du savoir et de la neutralité laïque de l'école. S.C.
PS : épisode de vie à Kourou : une ado vient retirer de l'argent à la Poste. Elle reste quinze minutes devant le distributeur. Elle choisit quatre fois "voir l'historique de mon compte". Après avoir déchiré les quatre tickets, elle se tourne vers moi et me signale que le distributeur ne fonctionne pas. J'ai pensé qu'elle n'avait sans doute pas d'argent sur son compte mais elle fait la queue devant un autre distributeur. Je retire de l'argent et constate que la jeune fille ne savait, tout simplement, pas lire.
J'appelle la demoiselle et lui montre la bonne touche pour retirer de l'argent... Elle s'excuse, je la rassure. L'horreur de l'analphabétisme me saute au visage. Cette adolescente, symbole de la faillite de l'école républicaine, me donne envie de pleurer.
Je quitte la banque, remonté pour affronter mon après-midi de cours. Je raconte l'anecdote à chacune de mes classes. Un coup d'épée dans l'eau ? Enseigner est une lutte contre des moulins, avec espoir. Avec espoir.