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Sebchab en Guyane
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3 novembre 2007

Escapade chez les Amérindiens

Bien le bonjour à tous !

d'abord merci pour vos courriers ou vos courriels. Certains d'entre-vous s'étonnent de mon silence depuis un mois. La vérité est que je n'ai pas vu passé le temps avant les vacances et que j'ai passé des jours loin de mon clavier.
Les vacances ont fini par arriver et j'ai relâché la pression en ne faisant rien pendant quelques jours. Quand j'ai voulu me motiver pour aller au Brésil ou au Surinam, il était trop tard pour avoir un vol ou un visa. Par dépit, je me suis donc décidé à aller du côté de St Laurent, au nord de la Guyane.
Ma première impression fut terrible. St Laurent est une vaste ville sans aucun centre-ville. Des épiceries chinoises bordent simplement des rues gigantesques. Nulle place, nulle salle des fêtes. Trois cafés pour 20.000 habitants... Le cauchemar !
Et puis, en regardant de plus près, j'ai constaté que la ville est en fait organisée en villages agglomérés où une vie de quartier est perceptible.
Après quelques recherches, je finis par m'installer dans le village "Espérance". J'aurais voulu l'inventer, je n'y serais pas arrivé. Carmen me reçoit avec le sourire et l'envie de me faire plaisir. Elle me fait visiter les lieux. Je vais dormir dans un carbet (autrement dit une cabane, dans ce cas) amérindien. Pas de serrure, par de porte, par de fenêtre. Un toit repose sur une armature en bois légère composée de bâtons. A l'heure du tout sécuritaire et du troisième verrou obligatoire pour les assurances, je suis heureux de constater que des voyageurs acceptent de jouer le jeu de la confiance en l'Homme. J'occupe la 3e cabane. Elle ne porte pas de numéro, simplement, c'est la troisième en partant du jardin.
Le soir venu, je déguste un des meilleurs repas de tout  mon séjour. Au menu : cochon-bois et galette de manioc, poisson en papillotte dans une feuille de banane et couac à la coco pour finir par des fruits frais. La nuit en hamac fut un peu dure pour mes cervicales mais j'ai pu me bercer avec les chants nocturnes des oiseaux tropicaux.
Le lendemain, petite excursion en pirogue avec Hendric, un amérindien passionné de géographie. Il veut me montrer que la frontière n'est qu'un concept relatif. Le fait est que sur le maroni(le fleuve qui sert de frontière entre la Guyane et le Surinam), les échanges transfrontaliers sont perpétuels, sous l'oeil d'une douane impuissante. J'ai vu quelques embarcations de fortune passer dans les deux sens et même des mecs louches jeter des sacs suspects en direction de la rive française. Ces sacs pouvaient contenir n'importe quoi : des ordures, de la drogue, des armes ou même des corps décharnés, qui sait ?
Pour me prouver que le passage au Surinam est aisé, nous faisons deux haltes, sans visa. La première dans un village amérindien où mon guide est connu comme le loup blanc. Il nous amène même dans des maisons de particuliers où j'ai pu découvrir la poterie traditionnelle, la réalisation d'un pirogue et la fabrication de teintures (dont le fameux rouge mis par les amérindiens pour se protéger des insectes et qu'il leur a valu le surnom de "peaux rouges"). Deuxième halte dans la ville frontière Albina. Ici les commerces et les touristes grouillent de partout. Après la séreinité de la pirogue et des Amérindiens, cette foule bruyante m'ennuie et je compte les secondes qui nous séparent du départ.
Le retour sera plus calme. Hendric nous démontre que la nature n'a pas de frontière. Il nous montre des paresseux, des matoutous et des morphos des deux côtés de la rive. Et, après avoir fait le tour d'une île, il nous met au défi de reconnaitre le côté de la frontière  où nous sommes. Perdu !Evidemment, le vieux sage avait bien préparé son coup.
Le reste du temps, je le passe dans les bagnes, à St Laurent puis à St Jean. L'histoire des bagnes et des camps est complexe. Pas question de la réduire à deux phrases pauvrettes. Je vous conseille de lire "Au bagne" d'Albert Londres, qui décrit très bien l'ambiance.
Je me limiterais à deux remarques. D'abord, ce patrimoine culturel immense est complètement laissé à l'abandon par l'Etat français, ce qui est une honte. La seule partie du bagne qui a été restaurée est celle où TF1 a fait des plans pour le téléfilm Seznec, un des bagnards les plus connus. N'est-il pas honteux que la télévision fasse mieux que la ministère de la Culture ? Je vous laisse seul juge.
Ensuite (et je ne sais pas si le fait de visiter avec des Allemands compte), les camps de transportation et de relegation m'ont fait penser aux camps de concentration (attention, je n'ai pas dit aux camps d'extermination!). L'horreur ici est indicible. La cruauté des fers laissés vingt-deux heures par jour, des conditions sanitaires inhumaines et des expériences médicales menées sur les détenus.
Autre ressemblance : les "porte-clefs" sont des surveillants spéciaux choisis parmi les bagnards et bien plus cruels que les vrais surveillants. Enfin, les architectes français prétendaient même que la beauté pouvaient règner dans les camps et contraignaient les prisonniers à peindre des fioritures sur les murs. Les mêmes conneries que les nazis mais... cinquante ans avant. La répentance n'est pas politiquement correcte, il serait pourtant tant de constater que l'horreur des camps n'est pas un label allemand, loin s'en faut.
Je quitte Saint-Laurent après avoir fait une balade dans le "petit Paris" qui n'est autre que l'ancien quartier colonial où l'architecture est spécifique (voir mon blog pour les photos).
Je termine les vacances par un Nouvel an (bonne année !). Celui des Hmong de Cacao. L'ambiance est un peu celle d'une kermesse de village mais avec des costumes qui brillent et des danses aussi lentes que les musiques qui les accompagnent. Heureusement, le chamboule-tout calme les ardeurs des occidentaux en manque de rythme et la soupe Pô fait oublier le reste.
Ce soir petit concert de jazz avec Laura Littardi (qui a été ma prof, une semaine durant). Et vous, quel est le programme ?
En attendant de vous lire, je vous souhaite un bon dimanche plein de quiétude,amérindienne.
Ciao
Sébastien

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Sebchab en Guyane
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